Un artiste singulier

Comédien, il lui arrive de se transformer, pour singer celui-ci ou imiter celui-là. Au garde-à-vous de l’interprétation, il parodie une posture, change de voix, et incarne; à grand renfort d’une corporéité maîtrisée, voire d’une manière plus sobre; sans un mot, il devient mime, déguisé, il devient clown.

Poète, il enchante le monde et le formule, aidant à le voir autrement, non sans éveiller à la mélancolie douce.

Engagé, il porte une conviction, ridiculise les puissants; son humour milite autant qu’il dénonce.

Provocateur, il pose des questions dérangeantes, ose les réponses interdites, joue avec les tabous.

Commentateur, il donne toute son attention sur une réalité faussement évidente et l’éclaire de son regard singulier.

Fou, il crée le désordre, interroge les limites et danse par-dessus, comme l’enfant d’avant la domestication.

Mais surtout, il recherche, invente son matériau – c’est un artiste qui fait souvent tout, et tout seul – en cela, c’est un créateur singulier.

L’humour, un art mineur ?

Faire profession de provoquer le rire relève donc du cas particulier. En effet, aucune filière de formation ne légitime cette voie; peut-être est-ce pour cette raison que les humoristes ne sont pas toujours considérés à leur juste valeur au sein des arts de la scène.

Pourtant, la Romandie compte de nombreux artistes qui, comme autant de contre-exemples, prouvent que l’humour peut également formuler des questions et contribuer au débat avec talent et pertinence. D’autant que le public est au rendez-vous, et certains spectacles deviennent d’immenses succès populaires. 

L’enjeu du rire

Après un processus de création relevant souvent d’une grande solitude face au miroir, l’humoriste est soumis au test ultime : faire rire.

S’il y parvient, alors il est légitimé, remplit sa part du contrat, peut espérer jouer une deuxième fois. S’il n’y parvient pas, tout s’arrête. On ne tolère pas d’un humoriste qu’il ne soit pas drôle. De même, il en va ainsi de son gagne-pain: il amuse, il mange – sinon devra-t-il changer de voie.

Un individualisme par défaut, pourrait-on dire, et qui s’impose également dans sa manière d’appréhender son statut économique. Peu soutenu par les pouvoirs public, l’humoriste doit rivaliser d’ingénuité pour créer son modèle de rentabilité, comme un entrepreneur, qui agende ses tournées comme on empilerait des boîtes de conserves à la cave, avec plusieurs coups d’avance, pour voir venir les temps de vaches maigres. Pour cette raison, l’humour est souvent pratiqué par des approches complètement dépouillées, dont la simplicité est souvent une force, mais qui est également le résultat d’une économie forcée de moyens.

Notre projet vise donc à aider ce comédien singulier qu’est l’humoriste à rassembler des ressources, des collaborations, des apports extérieurs comme autant de façons d’améliorer son travail.


Mais encore

Sans sécurité point d’humour, sans transgression point de rire. Telle est la quadrature du cercle de l’humoriste.

Marie Guibourt & Sandra Colombo qui partagent quelques réflexions éclairantes dans Le point golri. L’humour a beau être présent partout, il semble de plus en plus délicat à manipuler. C’est le constat qui leur a donné envie de créer cette newsletter. Observant le battage médiatique actuel autour de Guillaume Meurice, elles questionnent ; Pourquoi ce merveilleux lubrifiant social (restons dans la thématique préputiale) fait-il du mal à certains et du bien à d’autres ? D’où vient cette différence ténue (à la base) de perception, propre à chacun qui en quelques battements d’ailes de papillon peut déclencher des tsunamis de haine ou d’appel au boycott et au soutien ?

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Une histoire du rire

De la farce au vaudeville, de la blague au mime, en passant par la bouffonnerie, la Commedia dell’arte, le sketch ou le stand-up… du théâtre de boulevard au théâtre de rue, de la revues musicale au burlesque, il est toujours questions d’humour, de fantaisie, de dérision ou d’ironie, depuis la nuit des temps. Le mot comédie nous vient ainsi du grec « kômôidía », qui est formé de « komos » qui veut dire fête et « oide » chant. C’est un genre théâtral dont le but était de faire rire mais aussi dénoncer les travers humains.

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Entretien avec Sabine Melchior-Bonnet

Faire rire a longtemps été une prérogative exclusivement masculine. Dans Le Rire des femmes. Une histoire de pouvoir (Presses Universitaires de France, 2021), l’historienne des sensibilités Sabine Melchior-Bonnet analyse les raisons historiques de cet interdit et montre comment les femmes se sont peu à peu emparées du pouvoir de faire rire.

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Des bienfaits du rire

Eh oui, rire c’est bon pour la santé! Alors que le président de la Confédération Johann Schneider-Amman l’affirme avec sérieux en 2016 dans une allocution qui avait fait s’esclaffer le monde entier, cette affirmation est pourtant universellement vérifiée! Une blague, un bon jeu de mots, une situation incongrue… le rire s’impose à nous sans même le désirer ni l’attendre. Impulsive, spontanée, cette manifestation corporelle d’éléments à la fois émotionnels et intellectuels est pour le moins universelle, et pourtant, nous ne rions pas tous des mêmes choses.

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